Une délibération pleine de contradiction
- La Gazette De Kloar
- 12 oct. 2024
- 3 min de lecture

Pourquoi l’abbé pierre et pas Gauguin, comment ne pas faire le parallèle ?
Au cours du dernier conseil municipal du 25 septembre 2024, la majorité a appelé à un changement de nom de voirie. La délibération proposée étant celle-ci : « En raison du contexte actuel, il est proposé de renommer l’actuelle Allée Abbé Pierre et de proposer la dénomination suivante Allée des communautés Emmaüs ».
Lors de ce vote, dans toutes les têtes flottait plus que dans tout autre conseil municipal de n’importe quelle commune, le nom de Gauguin et un certain malaise était perceptible : le parallèle entre l’Abbé Pierre et Gauguin étant frappant de vérité. Alors devions-nous aussi voter pour effacer le nom du peintre de nos places, de nos rues ? Cela n’a pas été proposé par la majorité.
L’interrogation sous-jacente, loin d’être nouvelle mais de plus en plus d’actualité, est de savoir s'il faut dissocier l’homme de l’œuvre ? Certains diront qu’il faut protéger la liberté intellectuelle et esthétique de toute incursion d’un pouvoir, religieux, politique, extérieur au champ social ou culturel. Le problème est que cette position refoule toute objection morale au nom d’une imaginaire sacralité de l’œuvre. Seul doit régner le jugement de goût et rien d’autre, quitte à renier ses propres convictions morales.
En tant qu’élus, notre rôle n’est pas de dire qui a raison ou pas dans ce débat, mais au moins d’affirmer seulement que le comportement de l’homme, celui de l’abbé Pierre, comme celui de Gauguin, fait clairement de l’ombre à l’œuvre et on ne peut vouloir l’ignorer.
Là où se situe cependant notre vrai rôle dans cette querelle, est de protéger les intérêts de notre commune. Alors posons-nous la question de savoir comment sera perçu à l’avenir l’Atelier Gauguin du Pouldu en cours de construction, car les critiques, les actes, contre les artistes contestés au plan moral sont de plus en plus fréquents dans le « contexte actuel » et à l’évidence plus encore dans le futur.
Dans un précédent article de la gazette nous avons déjà évoqué l’inquiétude de certains conservateurs de musée à exposer des œuvres de l’artiste. Lors de l’exposition "Gauguin Portraits" à la National Gallery de Londres, celle-ci a dû évoquer le comportement odieux de l’artiste pour faire face à la critique. Le journal américain The New York Time pose même franchement la question de bannir l’artiste des musées. (Ci-dessous titre de l’article)
Face à cette condamnation montante du monde de l’art et des médias, quelle étiquette sera collée à notre commune à l’avenir, celle qui honore le peintre ou le prédateur ? La question n’est pas du tout anodine, mais les élus de la majorité ne se la posent pas et ne veulent surtout pas se la poser. Nous, nous la posons très clairement et pensons qu’il existe un risque réel de voir dans les médias nationaux et internationaux, notre belle commune décriée pour sa faute culturelle. Ce questionnement sur le comportement de Gauguin a été posé par l'opposition au conseil municipal, mais éludé immédiatement par le maire.
Ce temple à la mémoire de Gauguin devra être géré à l'avenir dans ce climat de critiques de plus en plus récurrentes. Il aurait été bien plus subtil et éthique de nommer cette structure « l’atelier des peintres du Pouldu » pour ne pas encenser Gauguin, et élargir la scénographie à d’autres peintres renommés de passage au Pouldu.
Selon la majorité, seule l’œuvre charitable de l’abbé Pierre reste donc honorable, mais pour Gauguin, l’œuvre, mais aussi le comportement de l’homme, le restent entièrement.
C’est une nouvelle gifle des biens pensants à la défense des droits des femmes.
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