Pour une vision plus identitaire et populaire de la culture
Chez nos voisins de Pont-Aven, un serpent de mer ressurgit autour de la friche de la Belle-Angèle. La conserverie abandonnée depuis deux décennies doit être transformée en centre d’Art Contemporain.
Un mécène a beaucoup investi à Pont Aven et s'intéresserait à la réhabilitation du projet du site désaffecté. La municipalité entend donc relancer ce projet culturel.
Au-dessus du port de Doëlan, Franck Jaclin propose de créer un complexe hôtelier à la place de l’ancienne usine de capitaine Cook. Une œuvre produite par un artiste connu a été commandée par l’entrepreneur pour marquer le site d’un sceau culturel.
En parallèle, la municipalité ambitionne d’investir dans une maison musée au Pouldu.
Dans les deux cas, la dimension culturelle vient doper les espoirs de flux touristiques porteurs d’emplois et de prospérité économique. Et le mythe de Paul Gauguin … de continuer à susciter l’intérêt des foules !
Et pourtant, des différences existent entre les communes sur les deux stratégies de développement territorial.
Alors que Pont-Aven privilégie une synergie avec les deux musées de Quimper ou le fonds Édouard Leclerc de Landerneau, la municipalité Cloharsienne veut construire un pont culturel avec les équipements muséographiques de Pont-Aven comme indiqué dans l’article suivant :
Ne serait-ce pas plus judicieux de poursuivre l’ouverture vers Lorient, réel bassin de vie du Pays de Quimperlé ? ou même d’affirmer notre propre identité qui se détacherait progressivement d’une empreinte culturelle dont les racines appartiennent à l’école de Pont-Aven ?
D’autres chemins sont à explorer, parfois moins élitistes et plus ouverts à des formes culturelles populaires : Artisanat d’Art, Création locale libre, Culture maritime, Land-Art, Transmission de savoir-faire, Art engagé …
D’autres usages peuvent être faits à partir de l’existant.
Inutile d’aspirer à toujours plus d’équipements coûteux pour le contribuable, alors que de nombreuses structures sont adaptées et restent à optimiser : la longère, l’abbaye Saint Maurice, la chapelle Saint Jacques, la maison Marie-Henry, la salle des fêtes, ou la médiathèque.
De même, l’hôtel de ville pourrait tout aussi bien planter le décor en s’ouvrant aux citoyens pour organiser des visites de la collection municipale.
Un autre format des journées du patrimoine pourrait être proposé afin d’articuler un circuit entre les différents édifices architecturaux et petits patrimoines du Bourg, du Pouldu et de Doëlan.
Une gestion plus équilibrée des ressources et davantage de transparence sur le budget attribué à la Culture sont nécessaires. Depuis 2014, plus de 530 000 euros ont été dépensé pour mener des actions culturelles et acheter des œuvres d’Art.
Enfin posons-nous la question de ce que nous priorisons aujourd’hui ?
Notre commune est déjà dotée d’équipements de qualité et peut s’appuyer sur un tissu associatif vivant qui ne manque pas d’idées novatrices.
Il est peut-être inconvenant de s’entêter à détourner les mouvements touristiques de Pont-Aven vers Le Pouldu, ou de demeurer dans l’ombre de la cité pittoresque.
Pour faire vivre notre commune, il est impératif de s’affirmer en misant sur une offre commerciale diversifiée et locale et des activités économiques pérennes.
Pour généraliser, la prudence s’impose à tous lorsque deux grands projets concurrentiels veulent s’intégrer sur des territoires rapprochés.
Photo : Exposition Plage de Bellangenêt 21.03.2021
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