
Découpage budgétaire
Au cours du conseil municipal du 13 novembre 2024, le maire annonçait qu’il avait décidé l’attribution à la société Colas France, d’un marché public pudiquement appelé « Aménagements Urbain du Pouldu » pour une valeur de 579 897 € (HT), soit 695 877 € (TTC).
Nous nous sommes étonnés de cette décision, car aucun document d’investissement présenté par le passé ne mentionnait de travaux d’un tel coût.
Le projet du musée prévoyait bien l'aménagement d'un parking de 40 places (à la page 5 du document "programme architectural" de l'avis de concours, qui est par ailleurs contradictoire car page 8 le plan décrit 125 places) et d'un parvis formant place publique aux abords immédiats du nouveau bâtiment. Le lot 1 "terrassement et VRD" a été attribué à environ 115 000 euros, on pourrait donc légitimement penser que ce lot couvre ces prestations, mais sans certitude.
Nous avons donc interrogé le Maire pendant la séance pour clarifier ce point. La réponse que nous appréhendions nous a été confirmée. Il s’agit, comme on le craignait donc, d’aménagements autour du bâtiment de l’atelier Gauguin, mais hors budget dudit projet car indépendant de celui-ci ! Mais à qui pourrait-il faire croire que cet aménagement aurait quand même été fait sans la construction du nouveau musée ?
En conclusion de cette manière de procéder, ces travaux d'aménagements ne sont donc pas subventionnés au titre du musée, et totalement à la charge des Cloharsiens.
On pourrait s'interroger sur cette pratique qui s'apparente à la technique du "saucissonnage". Cette pratique consiste à fractionner un besoin en plusieurs procédures d’achats séparées de "faible montant" pour rester en-deçà des seuils de procédure formalisée. Pour le musée, nous ne mettons pas en cause la régularité de la procédure, puisque celle-ci a respecté le corpus réglementaire des achats publics se rapportant aux seuils réglementaires.
Cependant, nous rappelons :
· L'ordonnance n° 2015-899 du 23 juillet 2015 relative aux marchés publics : Un ouvrage est le résultat d’un ensemble de travaux de bâtiment ou de génie civil destiné à remplir par lui-même une fonction économique ou technique ;
· L'article 30 : La nature et l’étendue des besoins à satisfaire sont déterminées avec précision avant le lancement de la consultation en prenant en compte des objectifs de développement durable dans leurs dimensions économique, sociale et environnementale.
Il est donc assez clair que tout Maître d'Ouvrage (pour le musée : la Commune de Clohars) doit clairement définir l'ensemble de son projet en une entité fonctionnelle unique. Il est donc évident que les voies d'accès et les parkings doivent être inclus dans le projet ainsi que leur financement dans l'enveloppe budgétaire.
Alors, pourquoi ne pas avoir inclus ces travaux dans les marchés relatifs au Centre d'Interprétation Gauguin, l'atelier du Pouldu ?
Nous pourrions donc conclure que notre premier édile semble pratiquer ce qu’illustre très bien l’expression Anglaise « cooking the books », cuisiner les livres comptables, ou en bon français « charcutage financier » (ou saucissonnage). Et ceci, pour minimiser le coût global de ce projet pharaonique, en écartant ces travaux « annexes » de plus d’un demi-million d’euros qui consistent à créer les voies d’accès, parkings, espaces verts, etc. nécessaires au bon fonctionnement du musée.
Bien évidemment nous avons demandé pour la transparence de la comptabilité publique que l’intégralité des 579 897 € soit comptabilisée au budget global du musée, mais nous avons essuyé un refus catégorique.
N’a-t-on jamais vu dans ce pays un projet de construction d’une usine, de construction d’un supermarché, sans y inclure dans le coût final les voies d’accès, parkings et espaces verts. Croyez vous vraiment que dans le projet de 70 millions du nouvel hôpital de Quimperlé, aucun parking et voies ne soient intégrés au budget ? Dans notre commune les règles de comptabilisation sont très singulières, mais ces méthodes de dissimulation du vrai coût de l’atelier Gauguin sont grossières et bien évidemment scandaleuses, et seraient passées inaperçues sans l'opposition au conseil municipal. Même, lors de la réunion publique sur le projet du musée le jeudi 21 mars 2024, devant la baronnie locale accourue en renfort pour soutenir le projet tant contesté, ces aménagements ont été totalement passés sous silence par le maire.
Décidemment ce projet rassemble à lui seul toutes les atteintes possibles à la démocratie et à la transparence, un vrai cas d’école :
- Omission volontaire dans le programme électoral du candidat de la construction d’un musée, ou d’un centre d’interprétation, ou d’un atelier, ou d’une scénographie en l’honneur de Gauguin, pourtant principal projet de sa mandature et d’un coût maintenant voisin des 5 millions HT pour les 2 phases et aménagements périphériques,
- Omission volontaire, dans la présentation du plan des investissements 2022-2026, du projet, soit 4 mois avant son annonce officielle en juillet 2021, au mépris des conseillers municipaux,
- Mépris de la population qui a manifesté à de nombreuses reprises contre ce projet massivement rejeté,
- Indifférence vis-à-vis du contribuable, car le coût total du projet est éclaté en différents budgets pour tenter d’en dissimuler le vrai coût final.
Finalement dans ce dossier, du début jusqu’à la fin tout est en "trompe l'œil", à l'identique du terme "musée" puisqu'aucune œuvre originale l'idole de la majorité de Kloar (Messire Gauguin) ou d'autres peintres majeurs de la période présentée, ne seront accrochés au Pouldu !
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