
Tous responsables.
Dans leur rapport publié le 13 février dernier sur la situation des finances publiques début 2025, les sages de la Cour des Comptes soulignent le rôle prépondérant de la dérive des dépenses dans le dérapage du déficit de la France qui risque d’atteindre les 6% du Produit Intérieur Brut et tirent la sonnette d'alarme sur l'urgence des efforts à mener. Ce sont surtout les dépenses qui sont en cause. « La dépense publique n'est pas tenue, contrairement à certains discours », a taclé le premier président de la Cour, Pierre Moscovici, selon qui « en 2024 plus encore qu'en 2023, la dépense publique est apparue hors de contrôle », soulignant que celles des collectivités locales progressent bien plus que celles de l’état.
Ce qui se dit se vérifie t’il sur notre territoire ? C’est la question que nous nous sommes posés. Nous avons donc analysé l’évolution du principal poste de dépenses des communes qui est celui des dépenses de personnel. La loi du 6 février 1992 qui crée les communautés de communes et les communautés de villes avait entre autres objectifs de dynamiser l’aménagement des territoires, et celui de fédérer des moyens pour aboutir à des économies de fonctionnement. Comment se traduit donc cette volonté dans les faits chez nous, et arrivons nous à une conclusion similaire que celle des sages de la Cour des Comptes ?
Les données comptables des collectivités publiées par la Direction Générale des Finances Publiques nous donnent un éclairage édifiant de la non maitrise des dépenses de certaines de nos collectivités. (Voir lien https en fin d’article et tableau détaillé)
Comme on le voit sur le graphique ci-dessous, les dépenses de personnel par habitant des communes de l’agglomération entre 2008 et 2023, ont été pour les trois quarts d’entre elles bien supérieures à l’inflation (29,6%) avec une mention spéciale pour notre commune qui voit ses dépenses augmenter pratiquement de 70% et le double en masse (de 1,5 million à 3.0 millions sur la période) alors que sa population a augmenté de 20%. Dans le bas du tableau, la commune de Baye a vu sa population croître elle de 38% et pourtant l’augmentation de ses dépenses par habitant n’est que de 7,5%. Ce n’est sans doute pas le meilleur exemple, mais on constate le trou béant qu’il existe entre une commune dépensière et une commune plus que raisonnable dans son train de vie.

Parallèlement, les dépenses de personnel de la communauté de communes évoluent aussi fortement pour atteindre plus de 17 millions en 2024, et en 2025 il serait prévu une nouvelle hausse de 4,56 % ou plus de 700 000 € (Source : orientation budgétaire 2025 Quimperlé Communauté).
Certes les maires décrivent souvent leur souhait d’augmenter leurs effectifs, notamment pour préserver leur capacité d’action et le lien avec la population, dont les attentes ne baissent pas et parfois aussi pour faire fonctionner des réalisations voulues par une faible minorité des élus, mais flatteuses dans un bilan électoral. On observe donc un cumul plutôt qu’un transfert des dépenses au cours du temps, des communes vers l’échelon intercommunal. On aurait pourtant pu s’attendre à ce mouvement de dépenses, au regard du déplacement progressif des compétences des premières vers le second, (Eau, assainissement, Ordures ménagères, Urbanisme, etc.) et de l’argument souvent invoqué selon lequel ce glissement génèrerait des économies. Les chiffres de notre agglomération démontrent nettement ce contraire. Les compétences davantage transférées à l’intercommunalité vont de pair avec un niveau global de dépenses plus élevées des communes, avec parfois même une explosion de celles-ci comme à Clohars où on dépensait 380 € par habitant en 2008 en cout de personnel pour grimper à 637 € en 2023.
Ce constat devrait nous conduire à un effort d'économies aussi dans les collectivités. On en est très loin comme on le constate. Compte tenu de la dérive de leurs dépenses dans le dérapage des déficits nationaux, il serait indispensable d’adopter des mesures pour maîtriser leur dynamique. Certes, cette part des collectivités dans le déficit de la nation est inférieure à 10%, mais on ne peut toujours tenir le discours de rejeter la faute aux autres comme on l'entend trop souvent au conseil municipal. Les élus locaux ont très clairement leur part de responsabilité dans cette dérive des comptes publics. La solution de redressement n’est pas de raboter les dépenses des services essentiels à notre modèle de société. Il faut des économies intelligentes, basées sur des revues de dépenses méthodiques et systématiques et ne plus créer dans le contexte économique présent, des structures pouvant générer de lourds déficits à venir comme le prévoit Clohars. Si nous ne nous disciplinons pas, comme le fait chaque ménage en cas de crise, d’autres s’en chargeront et le retour risque d’être brutal et c’est le citoyen qui paiera au bout de la chaîne comme toujours. Personne ne le souhaite.
Evolution des dépenses de personnel des communes de l’agglomération Quimperloise (2008 – 2023)

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