l'ancienne décharge de Clohars Carnoët
- La Gazette De Kloar
- 26 avr.
- 5 min de lecture

Préambule
Avant toute chose, cet article ne vise pas à créer une polémique, mais à susciter des questionnements et à rechercher des solutions. Les élus en place à l'époque (et actuellement) ont fait en fonction des connaissances de l'époque et des moyens attribués à la fonction "déchets". Il n'est nullement question dans cet article de rechercher une quelconque responsabilité mais plutôt de ressortir de l'oubli ce qui risque d'être, un jour, une bombe à retardement pour notre environnement.
Enfin, compte tenu des élections municipales prochaines, nous tenons à préciser que cet article :
- Est écrit par des auteurs de la Gazette de Kloar totalement indépendants des éventuelles futures listes et n'engagent qu'eux seuls ; Ils ne s'expriment pas au nom de l'opposition actuelle ;
- Que ses auteurs agissent ici comme des "lanceurs d'alerte", termes cependant un peu présomptueux pour ce petit article !…
- Ne vise pas un quelconque but électoral ;
- Ne recherche en rien à influencer quelques programmes électoraux qu'ils soient ; les futurs candidats et les votants sont évidemment libres de leurs choix.
L'historique

Dans le passé à Clohars, les déchets et rebuts ultimes étaient déversés sur des sites dédiés mais sans réelles précautions ou respect de l'environnement. La dernière décharge existante, était située entre Kermerrien et Kergadiec, dans une vallée à l'abri des regards et au milieu des champs.
Elle était connue par les Cloharsiens sous le nom de "trou de cosaque", mais l'orthographe reste à vérifier et n'aurait peut-être rien avoir avec un épique "Cosaque" venu de l'est … (ne serait-ce pas "toul kozachoù" du breton "vieilleries" et donc "trou de vieilleries", puis déformé en trou de cosaque par mélange franco-breton ?…) A cet effet, si quelqu'un pouvait nous éclairer sur ce nom, on accueillerait avec gratitude la précision !
A titre de plaisanteries, combien de jeunes cloharsiens ont été s'amuser à tirer sur les rats au lance-pierres ou à la carabine à plombs (peut-être l'ancêtre du jeu en ligne …) en bandes de chenapans (les premiers réseaux sociaux …) sur ce site ?
Si au départ, les ordures ménagères représentaient surtout des déchets ménagers se dégradant naturellement et des objets hors d'usage mais présentant des caractéristiques inertes (bois, acier, verre, etc.), au fil des années des déchets "moins sympathiques", ont commencé à arriver puis à être plus prégnants (plastiques, produits ménagers chimiques, peintures, huiles de synthèse, vieux carburants, et en final certainement des herbicides et pesticides issus des activités agricoles ou potagères individuelles). En effet, l'accès était pratiquement libre et ouvert à tous, particuliers comme agents publics, artisans, industriels ou agriculteurs, tout le monde pouvait venir déposer ses rebuts sans réels contrôles ni tri particulier.
Toutes les décharges communales devaient être fermées en 2002, suite à la réglementation, loi n°92-646 du 13 juillet 1992.
La décharge de Clohars a été fermée, conformément à la réglementation. Il semble qu'elle aurait été vaguement retraitée et recouverte d'une strate de terre. Depuis Quimperlé Communauté exerce, au travers d'un marché via VALCOR, la collecte, le tri et la gestion finale de nos déchets.
Situation actuelle
Mais que sont devenus ces produits et matériels déposés au "trou de cosaque" au fil des ans ? Ils se dégradent encore certainement actuellement …Ce type de déchets larguent dans le milieu des effluents par l'intermédiaire des eaux de pluies et de ruissellement ; elles deviennent des lixiviats très polluants (solvants, métaux lourds, phénols, composés organiques volatiles, azote, chlorure, etc.) et percolent vers les nappes phréatiques ou le ruisseau adjacent .

Et oui, nos anciens n'ont pas été très inspirés en plaçant cette décharge en bordure du ruisseau du Quinquis qui se jette dans la Laïta au niveau de la digue du Quinquis (ou Ster Fank), puis dans le milieu marin ! Mais à l'époque, on faisait comme on pouvait …
Aujourd'hui, nous ne connaissons pas l'état de ce site et il serait bon de s'y intéresser un tant soi peu. Peut-être n'y a-t-il rien d'alarmant … mais peut-être est-ce une bombe à retardement pour les générations futures comme cité en introduction ? Comment le savoir ?
Certaines communes (Moëlan en fait partie) ont eu un réflexe salvateur en enclenchant une surveillance à long terme de leur déchetterie ancienne. Il a été mis en place des micro-forages (avec accès permanent) afin de pouvoir effectuer de temps à autres des prélèvements des lixiviats pour analyse en laboratoire, ainsi que des capteurs (piézomètres amont et aval du site pour les eaux souterraines) qui permettent une analyse in situ. Les relevés périodiques permettent de suivre et de prédire les pollutions potentielles et éventuelles. Au bout d'un certain nombre d'années, le site peut être déclaré exploitable (ou non …ou avec des restrictions d'usages) pour une certaines catégories d'utilisation. A minima, la population est informée et protégée d'éventuels usages non conformes à la pollution du site.
Mais à Clohars, à notre connaissance, il ne semble pas qu'il soit réalisé un suivi quelconque. Cette situation mérite d'être précisée.
Le site de l'ancienne décharge de Clohars se trouve sur une parcelle privée, ce qui complique quelque peu la situation administrative du traitement. D'aucun pourrait dire que c'est au propriétaire d'agir. Mais est-ce bien raisonnable de laisser à un particulier la charge de cette tâche quand c'est l'ensemble de la communauté des cloharsiens qui a déversé ses déchets ? La réponse est évidemment non, c'est à la communauté de prendre en charge cette responsabilité.
Quelles actions pour le futur ?
Ne serait-il pas temps de déclencher une étude sur le sujet afin de connaître la situation de ce site ? Comme nous le disions en introduction, nulle recherche de responsabilité (sans polémique aucune, et sans chercher à jeter la pierre à quiconque : à qui la faute ?) dans cet article. Aujourd'hui, avec les connaissances actuelles qui sont bien plus approfondies que par les années passées, ne devrions-nous pas nous ressaisir de ce dossier (la gestion de ce dôme de déchets enfouis) afin de ne pas laisser aux générations futures ce legs empoisonné ?
Il nous semble important de lancer enfin une analyse de cette ancienne décharge ou à minima un diagnostic, selon une méthodologie existante au BRGM (*) (Bureau de Recherche Géologiques et Minières). Sans diagnostic, impossible d'établir si ce site génère ou pas une pollution éventuelle. Mais évidemment, si le diagnostic révèle une pollution potentielle, cela pourrait déboucher sur un traitement onéreux du site. Mais sous le prétexte de craindre une découverte à risque, doit-on détourner la tête pour ne pas savoir, comme une autruche met la tête dans le sable ? Nous ne pensons pas que c'est la bonne attitude pour une communauté de citoyens responsables. Par ailleurs, la bonne nouvelle d'un diagnostic pourrait être que tout danger est écarté !
Mais dans le cas contraire, les lixiviats de cette ancienne décharge finissent sans aucun doute dans notre bel estuaire de la Laïta, puis dans l'océan. Nous souhaitons également rappeler le classement des abords de la rivière en Natura 2000 et le classement en Al (secteur agricole sur une commune soumise en loi littorale) de la parcelle concernée.
Ne serait-il donc pas temps de déclencher ce diagnostic, surtout à un moment où Quimperlé Communauté vient d'annoncer la création pour 2025 d'une ZAES (Zone à enjeux sanitaires) sur l'ensemble du bassin estuarien de la Laïta afin de protéger la rivière et reconquérir la qualité de ces eaux (aujourd'hui passée en C) ? La question mérite d'être posée …
(*) Avertissement :
Pour le lecteur intéressé, se référer au guide méthodologique de gestion des anciennes décharge littorale" via :
Ce guide concerne les anciennes décharges proches du littoral et menacées d'érosion du trait de côte, mais peut s'appliquer également aux zones littorales qui peuvent relarguer des lixiviats vers le milieu marin. Si l'ancienne décharge de Clohars ne rentre pas tout à fait dans cette catégorie, ce guide constitue tout de même une sérieuse base d'études, surtout par sa situation débouchant sur la Laïta.
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